Les questions
religieuses connaissent un regain d’intérêt dans les espaces publics de nos
pays. Au Niger, elles sont devenues préoccupantes en raison des événements
récents qui ont marqué notre sous-région (occupation du Nord Mali par de
groupes djihadistes, Boko Haram). C’est pourquoi elles sont à l’agenda des
gouvernements qui déploient beaucoup d’efforts pour asseoir les bases de la
sécurité collective de leurs pays.
Au-delà de
leurs dimensions sécuritaires, les questions religieuses posent aussi des
problèmes juridiques, quant au droit applicable au sein de notre pays. En
effet, beaucoup de groupes religieux nourrissent l’idée de voir la sharia, la
loi islamiste, s’instituer comme droit de l’état au Niger.
Dans la sous-région, certains états de la fédération nigériane se sont
illustrés en adoptant la sharia dans le code pénal comme dans le code civil. On
se souvient des tribunaux qui avaient alors prononcé des sentences sur cette
base juridique, mais par l’opinion internationale jugées comme allant à l’encontre
du droit international.
Il convient
d’avoir à l’esprit qu’au Niger, en matière de personnes et de biens, la loi
prescrit au juge l’application de la coutume (loi de 2004 sur l’organisation
judiciaire en République du Niger). Mais celles-ci, au fil du temps, s’est
islamisée. Du coup, on assiste à un réel glissement et une réelle
transformation de la jurisprudence qui révèle désormais, en matière de
personnes et de biens, une part importante de l’islam. On comprend dès lors le
processus par lequel la sharia s’invite dans le débat public dans certains pays
du Sahel comme le Niger où le pluralisme juridique s’impose comme un trait marquant
du droit positif. En effet, il y cohabite un droit dit moderne hérité de la
colonisation et une coutume qui s’est progressivement islamisée.
D’un côté,
depuis la Constitution de la 3ème république, il est régulièrement proclamé
dans les lois fondamentales successives que le Niger est un état non
confessionnel. Et la liberté de culte y est proclamée sans aucune ambiguïté. De
l’autre, une jurisprudence islamique, d’une grande vitalité en matière de
personnes et de biens, s’institue également dans notre droit positif.
La présente analyse s’intéresse aux perceptions des nigériens sur la religion
et plus particulièrement sur l’adoption de la sharia dans la Constitution, se
basant sur les résultats de l’enquête 2013 d’Afrobaromètre.
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